J’accuse !
Pas un « j’accuse » comme Zola, je n’ai pas son talent.
Non, j’accuse le coup, un coup fumant. En premier lieu, j’accuse mon
âge. Je l’accuse de me changer d’apparence, de me créer des rides. Oh le
vilain !
Ceci dit, je constate, que comme le bon vin, je m’affine en
vieillissant. Non, ce n’est pas une blague. C’est-à-dire, que ma peau devient
de plus en plus fine, fait des petits plis, des grands plis et que je suis
comme ces chiens qui ont le contenant plus grand que le contenu et dont la peau
fait d’énormes plis et replis, qu’elle pendouille ou –bourrelette. L’extérieur
s’agrandit et l’intérieur rapetisse, se -démuscle, s’adjoint de multiples trucs
indésirables.
Tu trouves que le tableau est
moche ? Je te l’accorde ! Depuis x décennies, l’emballage s’est
modifié et ne correspond plus du tout à ce qu’il était dans la première moitié
du vingtième siècle.
Déjà ? Comme le temps passe… mes aïeux ! Il fut
un jour où je chantais : tu me tiens par la barbichette et que faute d’en
avoir, de la barbichette, je me tenais le menton. Aujourd’hui, je me tiens le
double menton. Je n’ose pas te décrire le reste de mon corps. Ce serait
déplorable comme lecture et te ficherait le moral en bas des chaussettes.
Donc, je te disais : j’accuse !
J’accuse le temps qui fait que j’accuse mon âge et pour le coup, j’accuse tout.
Le cou, parlons-en ! Si je secoue ce cou, ça craque, ça grince et ça ne
tourne plus. C’est devenu un cou fixe alors qu’avant, c’était un cou variable.
Je pouvais l’allonger, le tasser, le faire aller à droite, puis à gauche. Figure-toi
qu’il faisait de belles figures avec souplesse. J’en étais fière pour le coup
de ce cou. Droit, élancé, pas un faux pli, un régal. Maintenant, s’est ajouté,
et ça sans coup férir, deux lignes de démarcation, comme qui dirait : à
découper suivant les pointillés. Y’a qu’à suivre les tracés, c’est tout
droit !
Bon, je ne veux pas te casser ta
journée ! Je suis bien dans ma peau. J’en ai fait le nettoyage – de peau –
comme au pressing mais pour plus cher !
Cher(e) ami(e), je ne manque pas
de pot et tant pis si ma peau se fâche après moi et pour me faire rager, se distord
et a tendance à vouloir se rapprocher plus du bas que du haut, en contrepartie,
mes neurones ne font pas un pli, eux, et arrivent encore à se connecter les uns
aux autres.
Je te prie, ami(e) d’accuser
réception de ce brouillon de prose et t’encourage à ne pas te regarder le
nombril d’autant plus s’il est comme le mien, à un endroit que la décence m’oblige
à ne pas préciser ici.
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