Ça y est, ça me reprend, j’ai la fièvre. J’ai la fièvre acheteuse, le porte-monnaie qui me démange, l’argent qui me brûle. Vite ! Vite ! Un magasin ! C’est urgent, n’importe lequel !
Ding… Dong, la sonnette.
- Je peux vous aider, Madame ? Me demande la vendeuse.
Non tu ne peux pas m’aider. Je sais même pas ce que je veux, alors, lâche moi !
Voilà ce que je pense, mais comme je suis une gentille fille bien élevée, je ne lui ai pas dit. Ma maman serait fière de moi, na… na… na !
Et puis, cette boutique ne me plaît pas. Ah, celle d’à côté, là, je sens que oui, je vais entrer. Je veux acheter… je veux acheter… je veux acheter, c’est vital ! Tiens, ce pantalon, ça m’irait bien.
- Quelle taille, Madame ?
- Heu… 42… 48… ? Celui là, oui !
Cabine d’essayage, rideau tiré, enlève le pantalon.
- Zut, ça passe pas les chaussures !
Je me baisse pour les délasser, culotte et cuisses à l’air, et « paf », le rideau qui tombe. Je reste là, bloquée, en position habillage-déshabillage, le regard stupide et ces andouilles qui rigolent à me regarder.
- riez pas… c’est pas mon jour !
Dans la cabine, je recule façon pingouin, coincée par mon pantalon en bas des pieds. Je ne sais plus si je dois le remonter, l’enlever, m’occuper du rideau. Bref, je suis paumée.
Ma fièvre est guérie. J’ai acheté ce joli pantalon, et je l’ai lavé. Erreur ! J’avais pris du 44 et au sortir de la machine, je me retrouve avec du 8 ans, et le pire, c’est que ça a déteint sur tout le linge. T-shirts, slips, chaussettes, tout est mauve bizarre, douteux. Mon mari ne va jamais vouloir porter ces trucs, quoique… c’est assorti !
- Mais si, mon chéri, regarde comme tu vas être beau !
- Ne te fiche pas de moi, vire tout ça ou donne le à… n’importe qui ! Moi, je ne veux plus voir ces guenilles ! La prochaine fois, tu fais gaffe, tu mélanges pas les couleurs, autrement, c’est moi qui vais t’en filer des couleurs !
Houlàlà, il est colère ! Vraiment colère ! Gare tes abatis, ma vieille !
Anne Kitline
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