samedi 24 décembre 2011

L’ordi et ses satellites


« Pour revenir au menu principal, appuyer sur la touche : répéter ». Voila les douces paroles que me prodigue mon téléphone depuis 5 ans lorsqu’il se remet en route le matin, vers six heures trente. Souvent, je suis réveillée, mais lorsque je dors, je le maudit. Si encore il me disait :
-    -   Bonjour Christine, une belle journée s’annonce pour toi, pleine de promesses.
Non, il pense juste à lui et à son menu principal. Moi, son menu, que m’importe. D’abord, il mange quoi, ce truc ? Ah oui, du courant, ça c’est sûr.

Après cette entrée en matière, je vous dois des explications. Mes fils, dans leur gentillesse, m’ont offert un ordinateur, tout plat, tout noir. J’ai soixante quinze ans et l’informatique, très peu pour moi. Mais ce n’est pas tout, ils ont ajoutés un abonnement à internet qui se fait à l’aide d’une « box ».
Bien sûr, ils m’ont fait tous les branchements et toutes les installations, moi, je n’aurais pas su. Même la télé fonctionne grâce à ces choses, c’est magique !

Maintenant, j’ai des fils partout, plein de fils et croyez moi si vous voulez, mais je pense que ces fils électriques copulent. Si, si, j’ai bien dit « copulent ». Au départ, mes enfants ont fait attention de ne rien mélanger, mais moi, quand je les regarde, ces fils, ils sont tous entortillés les uns aux autres, ils copulent, c’est une orgie !
Avez-vous vu que les FILS électriques et mes FILS, ont la même orthographe, c’est ça le français, mais ne confondez pas.

Donc, tous les soirs vers onze heures trente, la « box » s’éteint et tout le toutim avec, c'est-à-dire : ordinateur, télévision, décodeur, téléphone. Ce fameux téléphone qui me réveille. Et tout se remet en marche tôt le matin.
La « box » ouvre un œil, rouge au départ, puis orange et enfin vert. Ça, ça veut dire que elle, elle est bien réveillée. A son tour, mon cher téléphone y va de son spitch et après, je peux allumer la télé et la regarder au lit.
Mais il y a des jours où les choses n’ont pas envie de fonctionner correctement, la télé par exemple. Si, si… Elle s’allume, mais rien, pas d’image, pas de son, rien de rien.
-       Allo, mon fils, je n’ai plus de télé, qu’est ce que je fais ?
-       Comment ça, tu n’as plus de télé ?, Ta « box est allumée ?
-       Oui, mais ça clignote de partout !
-       Relance-la !
-       C’est par la fenêtre que je vais la lancer ! Et cette « box », je la boxerai volontiers !
-       Alors, maintenant, ça marche ?
-       Oui, merci mon fils.
Une autre fois, ce sera le décodeur. Il  faut encore faire des manipulations. Ce n’est plus de mon âge, tout ça. Mais le pire, c’est l’ordinateur.

Donc, cette belle chose est posée sur mon bureau et enfin, j’ose l’ouvrir. Je sais, mes fils m’ont montré un peu comment faire, mais j’ai oublié. Et là, face à ce truc tout noir, qu’est-ce que je dois faire ?
Attentivement, je regarde tous les boutons, ah oui, le bouton central, ça c’est pour démarrer. Mon doigt s’approche timidement de ce petit rond et j’appuie. Il se passe quelque chose et tout de suite mon ordinateur se met à ronronner comme un chat. C’est bon signe… Ou pas… J’attends, j’ai gagné, Windows, il y a écrit Windows et mon ordi me joue quelques notes de musique. Avec les enfants, quand ils avaient mis en route j’avais entendu ça.
Sur l’écran, fond bleu, jolies petites icône en couleur. C’est bien, mais je fais quoi maintenant ?
Ma petite voix me dit de prendre la souris et de cliquer sur une icône. Clic, rien, re-clic, rien, re-re-clic, encore rien. Comment ils faisaient les gosses ? Vraiment, je ne suis pas douée.
Ne panique pas ma belle, tu vas y arriver. Allez, recommence. Mon fils au téléphone me dit : «  double clic, maman ».
Et le déclic se fait dans ma tête, j’avais oublié cet important –double clic- J’ai enfin ouvert quelque chose, mais quoi ? Je ne suis pas plus avancée.
Et soudain, l’ordi m’annonce : «  la base virale VPS a été mise à jour ». Mon ordi a déjà des virus ? Pauvre de nous ! Et en plus, il me dit qu’il les met à jour. Mais je n’ai pas besoin de virus et surtout pas de mise à jour de ces virus. Mais où va-t-on ?
Ah mes enfants, quel cadeau vous m’avez fait là !
-       C’est bon pour tes neurones. M’ont-ils dit.
Tu parles à soixante quinze ans, mes neurones, je m’en fiche. Pas vrai ! Bon, je ne vais pas casser les pieds à mes enfants, je dois trouver quelqu’un qui m’aide à comprendre comment utiliser cette machine.

Et j’ai déniché un petit jeune qui m’explique ça à toute vitesse.
-       Oh, oh, ralentit, garçon, je n’ai pas ton âge et ton agilité !
Il reprend avec patience ces explications et me fait faire les manipulations. Ah, je m’en sors mieux, déjà.
-       Jeune homme, moi ce que je veux, c’est surfer sur le net (comme disent mes petits fils), écrire des textes et faire mes comptes, voilà, c’est tout.
Et ce jeune Sébastien me montre tout ça. Brave garçon ! J’ai moins peur que cette machine ne me fasse des choses indésirables.

-       Allo Sébastien, mon ordi m’écrit qu’il n’a pas de nourriture !
-       Hein ? Pas de nourriture, ça veut dire quoi ? Qu’est-ce qu’il y a écrit ?
-       C’est en anglais, il y a écrit : not found !
-       Ah, not found, ce n’est pas not food, ce n’est pas pareil, food et found. Il dit qu’il ne trouve pas.
-       Tu sais, l’anglais et moi, on n’est pas copain et je n’aime pas quand il écrit dans cette langue, j’ai l’impression qu’il se fiche de moi.

Faire ses premiers pas avec la technologie quand physiquement, déjà, on marche à petits pas, que les doigts n’ont plus leur souplesse et que le cerveau c’est pire encore, je trouve que c’est un exploit et j’aime les exploits. Je ne suis pas allée sur la lune, mais c’est tout comme. Mes enfants disaient :
-       Tu vas voir, avec ça, toi qui aime voyager, tu n’auras même plus besoin de bouger. Tu vas découvrir le monde comme tu ne l’as jamais vu, parler à des gens à l’autre bout de la terre !
-       C’est bien tout ça, mais moi, j’aime voyager pour de vrai, rencontrer des gens, me lier d‘amitié avec eux. Regarder un écran, seule dans mon coin, quelle aventure ! Ce n’est pas ça que je veux !

Je dois vous avouer que je prends du plaisir à utiliser cet ordi, même qu’un jour, je me suis endormie, le doigt sur une touche qui s’est mise à couiner comme si elle avait mal et ça m’a réveillée en sursaut. Faut dire qu’il a des réactions inattendues cet ordinateur.

Je continue de m’équiper et pour cela, j’ai acheté une imprimante couleur. Je branche la prise. Un nouveau fil, chic, on va pouvoir s’entortiller à nouveau, pensent les anciens branchements.
Passons. Dans l’ordi, je mets la prise USB. Ça veut dire quoi USB ? Moi, je connaissais UBS, Union des Banques Suisses, c’est dans le désordre. Pour la Suisse, le désordre, ça la fout mal !
Bon, j’ai tout branché, et quand je veux imprimer, rien ! Ça  ne sort pas, même pas un soubresaut de l’imprimante. Kèsaco ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, hein, je vous le demande !
J’ai découvert que chaque fois que je mets un « périphérique », mon langage informatique a évolué, n’est-ce pas ! Donc, j’installe un périphérique, et bien, l’ordi, lui, il ne comprend pas. Les jeunes quand ils parlent d’eux, disent qu’ils sont branchés, mais pas l’ordi, lui, il n’est pas branché ou alors il fait semblant que non, juste pour nous embêter.

Je dois vous dire que j’ai pris des cours pendant un mois pour assimiler tout ce charabia informatique et dans ces cours, j’ai vu pire que moi, c’est rassurant. Le prof dit un jour à un stagiaire qui paniquait car il ne trouvait plus à l’écran ce qu’il avait fait :
-       Fermez la fenêtre !
Et le stagiaire d’ébaucher le mouvement de se lever pour aller fermer la fenêtre, qui en plus, n’était pas ouverte. Une autre fois, le prof explique à une dame plus jeune que moi, qui ne savais pas utiliser la souris :
-       Prenez votre souris et promenez vous sur l’écran !
-       Monsieur, il n’y a pas de souris transparente ?
-       Non, Madame, pourquoi faire ?
-       Et bien, quand je promène la souris sur l’écran, je ne vois plus ce qu’il y a dessous.
Et, effectivement, elle promenait sa souris directement sur l’écran. Il faut toujours faire attention aux mots que l’on dit et comment ils sont interprétés. Encore une autre fois,
-       Monsieur, je ne vois plus la petite flèche sur l’écran !
-       Soulevez votre souris ! Il n’a pas eu le temps d’en dire plus, la dame à levé la souris au moins à cinquante centimètres au dessus du bureau.
Ces cours m’ont bien amusé, j’y ai vu des gens plus apeurés que moi et ça m’a rassuré et du coup, j’ai fait des progrès. Aujourd’hui, je surfe à tout va, pourvu que la vague ne m’emporte pas. 

Kris

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