vendredi 10 février 2012

Diable !

La pensée positive, kézako ?  Ah oui, un petit bonheur de la journée, voire les choses du bon côté. Moi, ça, je sais faire.
Tenez, un goéland qui attaque un pigeon et le bouffe, moi, je jubile. C’est positif, ça !
Le type qui avance devant moi sur une plaque de verglas et glisse, se casse la figure. Ha, ha, ha, je me marre !
Et celle-là, qui descend du bus et rate la marche, paf… parterre, c’est hilarant.
Ça ne vous amuse pas, vous ?  Moi, ça me fait plein de petits bonheurs. C’est positif, non ?
Si c’est comme ça tous les jours, je suis heureux, et si par malheur, rien ne se passe, et bien, je provoque. Il me faut ma dose. Ma dose de catastrophes, de misère, de malheurs. Quand vous êtes joyeux, que tout va bien pour vous, moi, ça me contrarie. Je vous veux plein de morgue, de mauvaise humeur, râleurs, bagarreurs. Plus vous faites de mal à vos congénères, et plus, moi, je me sens bien.

Vous vous souvenez des dernières inondations ? Non ? Si, réfléchissez bien ! Ah, ça y est, vous y êtes ! C’était moi. Une centrale nucléaire qui fuit, c’est moi ! Un grave accident de la route, moi, encore moi !
Ah, vous ne me croyez pas ! C’est ce que nous allons voir !
Regardez, le cycliste, là, sur le trottoir, en face, lorsqu’il va descendre sur la chaussée, il va tomber. Regardez bien ! On y est… il est tombé, mais ce n’est pas tout. Suivez la voiture qui vient sur la droite, oui, la grise ! Elle va écraser le vélo. Seulement le vélo, pas le gars. Pour cette fois, je serai magnanime, pas tout le même jour, je dois en garder pour demain.

Je vous disais donc que la pensée positive, je connaissais. Je sais, vous allez dire que je me ris du malheur des autres. C’est vrai, je ne suis pas un ange, ça, je vous le jure ! Les petits désagréments de votre vie, vos peines, vos chagrins, tous vos malheurs me font positiver. Ça me revigore, me donne du tonus, me met en joie. J’aime… j’aime beaucoup, alors, donnez moi du plaisir ! Beaucoup de plaisir ! J’attends !

Quelques fois, je n’ai même pas besoin d’intervenir, vous vous débrouillez très bien tout seul. Il me suffit d’attendre et ça vient. Vous doutez ?
Alors, votre crise, vos « subprime », votre dette, vos faillites, je n’y suis pour rien, moi ! Vous avez fait ça de votre plein gré.
La tête sous l’eau, voilà où vous en êtes. Et qui vous appuie sur la tête, vous enfonce encore plus ? Là, c’est moi. Vous voulez reprendre votre respiration ? Eh non ! Je ne vous laisserai pas, quoiqu’avec une bouffée d’air frais, vous pouvez croire que c’est la fin de vos ennuis, et moi, j’arrive. Je cours, je vole mais pas à votre secours. Non, non, je cours pour vous couler.

Je suis sadique ? Pas du tout !
Vous parlez de Sade, je l’ai bien connu et surtout conseillé. Un de mes disciples, et quel élève, très doué ! Vraiment très doué, il aurait presque pu me surpasser. Mais ça, je n’aime pas.
Quoi ? Eh bien, qu’on me surpasse, je viens de vous le dire ! Vous êtes inattentif, surveillez vous, je ne vous le répéterai  pas ! Je vous menace ? Non, pas du tout ! Je vous mets en garde, voilà !

Vous êtes superstitieux, vous ? Vous devriez !
Rappelez vous, les vendredis 13, les catastrophes ce jour là. Sans me vanter, c’est souvent moi qui provoque ces accidents, et ce que j’aime le plus, c’est lorsque les survivants crient, hurlent, se débattent, pour enfin de compte mourir dans d’atroces souffrances, noyés, brûlés et j’en passe. Ce n’est plus un sourire que j’ai sur les lèvres, là, je ris aux éclats.

Je sais, vous ne me supportez plus, et puis, j’en ai trop dit. Mais qu’importe, puisque vous allez tout oublier jusqu’à mon existence.
C’est vrai, oui, certains savent où me trouver et vont jusqu’à prononcer mon nom ou m’implorer. Il ne faut pas me le dire deux fois, comme le génie j’apparais de suite. Voyez quelle aide je leur apporte, les guerres, les massacres, le sang qui coule, les attentats, le feu, les flammes, c’est mon œuvre. Ils croient en être les auteurs, que nenni ! J’en suis la cause et moi seul. Je vous l’ai déjà dit.
Qui je suis ? Vous ne devinez pas ? Je suis même à l’intérieur de chacun de vous. Quelques uns me renient, mais les autres… eux, ils me servent. Vous avez deviné, non ? Allez, cherchez bien ! Vous m’avez donné tant de noms, lequel choisir ? Cherchez, cherchez encore. Je suis… ? Je suis… ? Je suis Satan, Belzébuth, Lucifer, Méphisto ! Je suis un génie, le génie du mal, le génie du vice, je suis Satan. Ha, ha, ha, Satan vous dis-je !




Anne Kitline

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