Petite route de province ensoleillée, ça grimpe en douceur. Je me sens bien, l’air du matin me caresse le visage, les jambes, j’aime. Chaque fois, je découvre un paysage différent. La côte se fait plus raide, je change de braquet.
Un peu de maths, s’il vous plaît, juste un peu. Qu’est-ce que le braquet, je vous le donne mille, en mètres, en millimètres, enfin, vous en faites ce que vous voulez.
Rappelez-vous, ΠR2. Oui, l’école ! La circonférence du cercle. Non, j’ai pas dit la quadrature du cercle, d’abord, je ne sais pas ce que c’est que la quadrature.
Donc, ПD, D étant le diamètre du cercle. Ça vous intéresse vraiment ? Non, alors, je passe.
Vous avez compris, je fais du vélo. Je fais du vélo avec mon voisin. Nous franchissons les pentes, les côtes, même à la Pentecôte, même à Pâques ou à la mi-carême, bref, quand on veut et qu’il fait beau.
J’ai des mollets, je vous dis que ça, faut les voir, de vrais mollets de cycliste et bronzés comme un camionneur. Marques du short, marques des chaussettes, je fais sensation sur la plage.
Je ne vous ai pas raconté, mon voisin, Loulou, adore le vélo et la musique. Ravel, vous connaissez, le « beau vélo de Ravel » ? Musique et pédalage sont les deux mamelles qui le nourrissent.
Nous avons décidé de parcourir un petit périple, 300 km. Départ sur le plat, quand je dis plat, c’est une légère côte à 5% (c‘est pas cher !). Bientôt, les montagnes se dessinent au loin, le mollet se durcit, le souffle devient plus fort. Je parle pour moi, car Loulou part en danseuse juste devant moi. Waouh, quelle classe ! On le croirait parti pour le tour de France.
- Vas-y pépé ! Lui lance un petit crétin qui le double en voiture.
- Laisse tomber Loulou, avec ses mollets de coq, il ne pourrait même pas faire 100 mètres !
Et la montée monte ! Z’avez déjà vu une montée qui descend ? Ça monte, ça monte, han… han… han… c’est dur, mais je suis et si je suis, je pense. Je pense, donc je suis… Je m’égare ! Pas sur la route, non, dans mes pensées.
Nous avançons à bonne allure, descentes, montées, plats. Pas les pieds dans le plats, la roue sur le plat et « pfffit », un pneu qui éclate.
- Ce n’est pas plus mal, ça va nous faire une pause. Dis-je en soufflant comme un bœuf.
- Mais non, en 2 minutes, c’est réparé ! Me désespère Loulou.
Moi qui pensais me reposer un « chouya », je l’ai dans le « baba ». Une gorgée d’eau, et on y retourne. Ça va encore, on est toujours sur le plat.
A midi, enfin, le casse-croûte, ouf ! On s’installe au bord du talus, on mange, on boit beaucoup, de l’eau, on sort la carte, ouais ! On a fait 100 km. C’est génial, j’en reviens pas. Et je suis en forme, j’ai la pêche ! Parée pour la suite, pour les 200 restants.
Le paysage change, on attaque la montagne direction Grenoble pour rejoindre nos copains cyclistes. C’était ça les 300 km.
Arrivée à Grenoble, nos amis nous voient débarquer avec seulement les vélos et les sacs à dos, pas de voiture.
- vous êtes venu depuis chez vous comme ça ?
- oui, tous les deux à vélo !
- et bien les amis, quel courage !
- oh, c’est rien. Dis-je, partis comme on était, on faisait le tour du monde !
Regard de Loulou qui ne sait pas si c’est du lard ou du cochon. En parlant de cochon, la soirée se termine autour d’une bonne table, bon repas, bonne eau. D’habitude, on dit « bon vin », mais nous on ne fait pas pareil, alors, c’est juste de l’eau. - On est sportif ou on ne l’est pas !
Anne Kitline
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