mardi 12 juin 2012

Eugène


Madame Germaine Duchesne n’a aucune haine pour cet énergumène à grosse bedaine jusqu’à ce qu’elle comprenne comment il la malmène. Franchement, elle me fait de la peine et ça me gène de le voir lorsqu’il se déchaîne après la pauvre Germaine.

Ce Miocène, je le trouve obscène face à elle si puritaine et toutes leurs scènes sont malsaines, en plus, c’est une vrai rengaine et il faut avoir du cérumen dans les oreilles pour ne rien entendre quand ils reviennent dans leur domaine. 
Moi, c’est Madeleine - quoique certaines vilaines m’appellent Sans-gêne - je leurs suis mitoyenne ou riveraine, comme vous voudrez, et en vrai citoyenne, il faut que j’intervienne.
-          Germaine, un jour il te fera la couenne.
Il semblerait que ça lui convienne car elle le trouve très amène.
-          Amen !

Je ne suis pas magicienne et devant ce spécimen à gros abdomen, cette baleine, cet aliène, qui lui assène des calembredaines et des fredaines, je le passerais bien à la gégène sans aucune gène sur ses parties érogènes.

Mais l’aérienne Germaine - ah, je ne vous ai pas dit, c’est ma marraine – tient à ce que j’apprenne que la vie qu’elle mène n’est pas la mienne, mais la sienne et qu’en vraie tacticienne, elle obtienne plus d’une vingtaine, voire des centaines de millions de son capitaine de mari, car il est capitaine.
L’épicurienne Germaine quand elle se démène, n’est plus stoïcienne, elle dégaine ses arguments et entraîne son mari Eugène sans qu’il parvienne, à grand-peine, devant cette soudaine attaque à en prendre de la graine.

Parlons d’Eugène, c’est sa bouteille d’oxygène, à Germaine, toujours sur son dos. L’autre jour, il voulait qu’elle soutienne, comme cette ancienne tragédienne qui déclamait dans les arènes de Gènes tout proche de la fontaine, qu’il était son mécène.
La pauvre vendéenne, car Germaine est vendéenne, la ramène pas souvent, elle réfrène ses colères qui sont loin d’être quotidiennes, parce qu’il lui impose une quarantaine sévère pour qu’elle se souvienne, que lorsqu’il a sa chaîne à la main,  c’est pour qu’elle devienne très docile.

Moi, Madeleine et mon amie Hélène, qu’à cela ne tienne, sommes à la traîne devant ce phénomène, je veux dire Eugène, il faut qu’il nous surprenne par ses idées arachnéennes, tisser sa toile en arrière-scène, sans que la mondaine Germaine comprenne.
Pour se calmer, Germaine, ingère des goldens, évite le gluten, mange du lapin de garenne avec une julienne, boit de la verveine. Comme vous voyez, elle n’est ni végétalienne, ni végétarienne.
Lui, par contre, n’a aucune hygiène, il prend des hallucinogènes qu’il prépare sur son bec benzène. Il mélange du carotène, des comprimés par dizaines ou par douzaines, ça lui donne une haleine de hyène ou de chacal, au choix. Sa prochaine veine, oui, son filon, sera de piler de la porcelaine, puis écraser une vipère reptilienne et martienne, ainsi qu’une chienne que lui procure une bohémienne du nom de Célimène, trouver une sirène, ajouter du bleu de méthylène, une trentaine de graines de troène sans leur gaine, mélanger le tout, bien mixer, le réchauffer sous l’aine, avaler d’un trait.
Aucun phénomène allergène s’il enchaîne avec un repas.

Germaine rêve que lui vienne, à Eugène, une gangrène vu son diabète, ou une maladie vénérienne, à cause de ses collégiennes et lycéennes urbaines dont il abuse de façon inhumaine.
La coupe est pleine, se dit Germaine, il faut qu’il apprenne à ses dépens - s’il se surmène à la soixantaine - qu’un infarctus ne le surprenne et accélère sa moyenne...  cardiaque.
Malgré tout, Germaine est sereine, elle se promène sur les bords de la Seine en semaine, ou sous les chênes de son éden dont elle est la gardienne. Il y a dans son jardin, des ruines gallo-romaines, un poste à galènes, un gazogène, des fumigènes d’une fête foraine, un vieux loden en laine dans la prairie un peu plus lointaine, et aussi là-bas, un allogène qui côtoie une antenne, et plus loin encore, la benne près de l’éolienne, où sont jetées des persiennes parisiennes et des poulaines marocaines, mais qu’en bonne marraine, elle conserve pour moi, sa chère Madeleine.
Je l’aime ma tendre Germaine, mais son Eugène, faut pas qu’il se méprenne, je le jetterai bien dans une grotte souterraine d’où proviennent des chauves-souris, jusqu’à ce qu’il attrape la migraine et que sa boite crânienne explose... et encore, je me freine !
-          Comme vous voyez, je l’adore Eugène, l’énergumène, le turkmène à grosse bedaine !

Anne Kitline

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