mercredi 1 août 2012

Le réveil


Six heures et quart, le jour se lève. Si seulement y’avait que le jour, mais le mari aussi se lève et « plim…plam… les casseroles se cognent, la vaisselle couine, le micro-onde sonne ; même pas besoin de réveil, pour bibi, il est gratuit et régulier, du lundi au samedi et jusqu’à dimanche, sept jours sur sept, trois cent soixante cinq jours par an et plus si bissextile.
Tu penses que ça me met en rogne, même pas, depuis le temps que ça dure ! Et en plus, je me lève tous les jours du pied gauche alors, la bonne humeur, ça me connaît.

Je ne t’ai pas dit, sa grand-mère, c’était pire que tout. Tu dors tranquille et voilà la vieille qui passe et repasse (pas le linge), mais avec ses talons et dès potron-minet, c’est mieux pour sortir les gens de leur sommeil.
-         Buongiorno, hai dormito bene ?
Hypocrite va ! Tu voulais me faire lever, c’est réussi ! Que j’aurais aimé lui répondre ça à cette toupie.
C’est fou ce qu’on s’aimait elle et moi, un prêté pour un rendu, ça m’aurait plu, œil pour œil, dent pour dent, mais la pauvre vieille n’en avait plus de dents.

Et puis, vient la mère. Ah, sa mère, parlons-en. Tout aussi bruyante et elle aussi, à six heures du mat… comme le fils. Au nom de la mère et du fils et du Saint « bruit-bruit ». Dormir dans cette famille, tu peux pas. Même avec des bouchons de cire dans les oreilles. Le bruit passe les murs, transperce, atteint ton tympan, tu sursaute, te retourne, mais ce bruit te poursuit encore et encore. Pas possible, ils ont une batterie de cuisine immense dans cette famille, ils ont tout sorti pour me faire quitter de mon lit ! Non, je persiste, je ne me lèverai pas, c’est pas l’heure, sacré nom d’une pipe. Si ça continue, je vais leur casser leur pipe à ces fauteurs de bruit.

Tu veux partir en vacances, louer une maison à plusieurs, tu peux pas, là non plus, car Pépère va se lever aux aurores et casser les pieds à tout le monde en effectuant son petit dèj… Tu participes que tu le veuille ou non ou alors, tu loues un château fort avec des murs de deux mètres d’épaisseur. Là, peut être tu seras tranquille. Quoique, j’en suis pas sûre !

Je parle de déjeuner, et pour l’instant, seulement du petit dèj… Mais à partir de neuf heures, Monsieur se met aux fourneaux et « re-plim… re-plam… les casseroles, les verres, les bouteilles, les tiroirs, je t’ouvre, je te ferme. Même avec la porte de la cuisine fermée, les sons te poursuivent, ne te lâchent pas. Tu aimes ? Mais, si, tu aimes ! Non, t’aimes pas, tant pis, fais avec.
Tu veux faire la « grasse mat… », impossible, si les casseroles ne t’ont pas ouvert les yeux, il est capable de prendre la corne de brume du bateau et t’en jouer quelques sonorités  avec un air plus que réjouit de t’avoir enfin fait bouger.

La tête dans le brouillard, tu émerges à peine, tu viens préparer ton chocolat du matin avec tartines et confitures et te narines t’indiquent que c’est pas le moment, que c’est pas dans la cuisine que tu vas déjeuner, tu dois t’expatrier dans le séjour ou… Ton chocolat aura un goût de « tchoutchouka, de cassoulet, de coq au vin, de sardines grillées. Impossible d’avaler une bouchée de ta tartine sauf si t’as les narines complètement bouchées.

Je pardonne pas ça, mais heureusement pour lui, sa cuisine est délicieuse ; Mais ne pourrait-il la faire plus tard et avec moins de bruit. Je sais, c’est trop lui demander et en plus, si j’en parle, il se fiche de moi ou me répond :
-         Puisque c’est comme ça, je ne fais plus à manger, débrouille toi !
-         « Nardine amok ! ». 

Anne Kitline

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire