J'habite à deux cents mètres de la plage, plage familiale s'il en faut. Chaque été, les mêmes têtes d'adultes vieillissantes et les enfants ou petits enfants qui grandissent. On se connaît, on se reconnaît, on se retrouve. La routine ? non !
Début juillet, les peaux blanches arrivent, elles sont blanches seulement le premier jour, le second, c'est rouge, peaux rouges, homard bien cuit sur toutes les coutures. Les habitués sont déjà couleur pain d'épice ou même plus foncés, c'est selon.
Quinze heures trente, seize heures, il fait chaud, c'est le départ, sac prêt avec serviettes, en route pour le bain. Tu poses le bardas, chaise et sac, tu retire tes habits, sauf le maillot, on est pas naturiste, et direction l'eau.
Brrrrr... Elle est gelée cette flotte, pire que gelée, ça te glace les doigts de pied. Tu oses un orteil, un pied, puis la cheville et d'un coup, un gamin t'éclabousse. Il n'a pas froid le gosse et il joue, alors, toi, sur son passage, il ne te voit pas; Tu viens de pousser un cri, presque un hurlement :
- C'est froid !
Et là, ton petit fils arrive et ne trouve rien de mieux que de te balancer une autre giclée en rigolant à tes dépens.
Ma vengeance sera terrible ! Mouillée pour mouillée, je fonce vers lui. La vache, il est plus rapide que moi, et j'en prends plein la figure. Bouhou... Je ne vois plus rien ! Le petit monstre s'en fiche et remet ça de plus belle.
Au bout d'une bonne heure de jeux aquatiques, épuisée, je retrouve mes amis de plage planqués sous les parasols, trois ou quatre parasols plantés les uns à côté des autres, en cercle. En fait, quand je dis -sous les parasols -, c'est faux, je devrais dire : installés autour des parasols.
- A quoi servent les parasols ?
Ça sert à garder au frais, à l'ombre, les sacs de plage de nous tous, au cas où les serviettes qui sont dedans auraient trop chaud.
- Tu ris, ce n'est pas une blague, mais c'est marrant à voir.
Sur la plage, on nous repaire vite, des parasol bleus, rouges, et personne dessous, voilà, c'est nous ! Consciencieusement, on fait de l'ombre, mais pour qui ? Si tu as trop chaud, on t'invite, y'a de la place au frais chez nous !
Ce que j'aime dans tout ça, c'est que je ne fais plus rien, sauf allonger mes guiboles sur le sable et écouter les copains refaire le monde. On a tout le temps pour ça et les idées fusent. Ça sert à rien, je sais, mais ça occupe les après midi et à six heures, dix huit heures, retour au bercail. Et c'est reparti, douche, linge, repas, vaisselle... Petit tour du soir, une bonne heure de marche et toujours le même chemin, s'il vous plaît, faut pas changer, hein. Routine, routine, quand tu nous tiens... tu nous tiens bien, je t'assure.
Ouvre moi la porte, toi qui a le clé... Moi, je l'ai perdue depuis longtemps, la clé. J'ai beau cherché, introuvable, cette foutue clé. Où quelle est ? L'été va passer, comme chaque été, plage, plage ! Viens, je t'invite !
Anne Kitline
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