Il y a un mot que les étrangers nous envient. Un mot libérateur, un mot salvateur qui s’adapte à toutes circonstances de notre vie. Un mot éructé, un mot éjecté, un mot clé en somme. Lequel ?
C’est le mot MERDE.
Vous êtes en colère : merde !
Vous êtes étonné : merde suivit d’alors, merde alors !
Vous ratez quelque chose : merde !
Quelqu’un vous ennuie fortement, dîtes lui merde et vous en aurez fini avec lui.
Vous allez passer un examen, le BAC ou autre, que vous dit-on : merde ! Un merde d’encouragement.
Au théâtre, vous entrez sur scène, on vous lance le grand mot : merde !
Sur le trottoir, vous marchez dedans et le premier juron qui sortira de vos lèvres sera : merde !
Je vous l’ai dit, ce mot soulage. Le premier qui l’aurait utilisé serait Cambronne ? Peut être mais pas sûre !
Il est si français, si naturel, si spontané qu’il nous suffit de le prononcer pour nous sentir beaucoup mieux.
On peut le répéter à satiété, le dire plusieurs fois, en général trois fois de suite, merde, merde, merde ! Là, ça dénote une grosse colère, une énorme insatisfaction. Ce mot, vous le lancez en y ajoutant souvent une grimace pour le rendre encore plus percutant.
Vous serrez les poings, vous serrez les dents, vous crachez le mot, et là, tout est dit. Merde !
Ah, vous voulez me contredire, me rappeler que ce mot existe aussi dans d’autres langues. Oui, je sais, ils ont copié sur nous, voilà tout !
Bon, pour les latins, comme nous, c’est le même mot sauf qu’on y met un A en final à la place du E.
Les allemands, les anglais. Oui, ils le disent mais pas de la même façon que nous.
Pour nous, il fait partie intégrante de nos journées. Pas un seul jour où il ne sera pas prononcé jusqu’à des milliers de fois, crié, murmuré, émis dans un coin, en sourdine, jeté à la figure de celui qui vous enquiquine toute la sainte journée.
Ce mot une fois lancé permet de tourner la page. De tourner le dos à l’ennuyeux, de faire l’hôtel du « cul tourné ».
Ça calme, ça soulage, ça libère, c’est dit, on n’y revient pas. C’est une exclamation qui signifie un point final à toute discussion.
Cependant, on peut y adjoindre d’autres petits mots « sympathiques », qui alliés les uns aux autres sont encore plus libérateurs.
- Ne me dîtes pas que vous ne les avez jamais associées, ces petits mots supplémentaires.
Merde, putain, fait chier !
C’est vrai, là, votre ventre se détend, vous respirez un air neuf, vos épaules se décontractent, vous vous sentez mieux, beaucoup mieux !
- Je suis vulgaire, c’est ça, j’ai bien entendu ?
Il est vrai qu’à la place de ce mot, merde, j’aurais pu vous parler du mot « crotte ».
- Vous voyez, ça vous fait sourire !
Je pense comme vous, l’impact n’est pas le même. Le mot « crotte » est un mot pour enfant, pour adulte qui n’ose pas se lâcher.
Ce n’est pas un mot de soulagement, c’est un mot de constatation et non de contestation. C’est dit avec plus de modération, c’est plus timoré, plus timide, tandis que notre MERDE français, lui, il a de l’ampleur, enfin, il a de la gueule !
Anne Kitline
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