Je cherchais un numéro de téléphone, alors j’ai ouvert l’annuaire de ma ville. Surprise, que je prenne n’importe quelle page, je lis des noms d’ailleurs se terminant par un « I » ou un « O ».
Ma ville est entourée d’eau, non, je n’habite pas en Corse, juste en France, à 180 km de la frontière. Je n’habite pas non plus en Italie, mais ma ville est italienne, du sud de l’Italie, un peu, beaucoup même, comme à Naples.
Les sens interdits… ici, on ne connaît pas. Y’a pas de place pour rouler sur la chaussée, on prend les trottoirs. On roule aussi à l’anglaise, sens inverse, sur les ponts. Un matin, tu te réveilles, et devant chez toi, sens interdit. Hier tu passais à droite, et aujourd’hui, faut faire le tour de l’autre côté.
Les bus changent leur itinéraire, tu dois faire avec. Quand ils sont à l’heure, tu dis merci. Il est vrai qu’ici, le temps est extensible. On te dit :
- J’arrive dans 5 minutes !
Un quart d’heure plus tard, voir une heure, t’es toujours en train d’attendre.
Les noms de rues sont modifiés, comme ça, pour le plaisir. C’est du moins ce qu’on pense. Pour la petite histoire, en 2 mois, j’ai déménagé 3 fois et ce sans bouger. Démarches auprès des organismes pour les changements. Un coup j’habite en face, un coup je reviens de l’autre côté comme avant et la troisième fois, je repars en face et tout ça sans faire un pas. Est-ce que la devise de la ville est : plus et mieux pour ceux qui bougent ?
Ici, on aime l’anarchie. Les lois, ça déplaît. La police, on lui fait la bise dans les rues, tout le monde se connaît. Tu ne peux pas te promener sans rencontrer un ami, un voisin, un cousin, un parent.
- Pour la discrétion, tu repasseras !
Plus haut, je parlais des bus. Tu montes et tu t’assois et ton voisin, ta voisine, te raconte sa journée, te parle du temps, des actualités, enfin de n’importe quoi, pourvu qu’on parle. C’est comme ça ! Et lorsque c’est la sortie des classes, ça devient une vraie volière, ça « chiachiare » on ne s’entend plus.
Tu veux aller au théâtre écouter un opéra, un concert, une pièce. Tu ne peux pas ! Y’a toujours quelqu’un qui va parler ou même chanter, là, c’est pire ! Impossible les en empêcher, ils sont ainsi.
- Je ne te dis pas les forfaits de téléphone, combien ils doivent payer !
Mes co-citadins sont rebelles. Le jour où un « Mac-do » a voulu ouvrir, d’abord, personne ne le voulait en ville, il est donc à la sortie et, le jour de son inauguration, sur le quai juste en face, ils ont organisé la « Macaronade ». 200 personnes y ont participé et au « Mac-do », pas un chat.
Un certain patron de grande surface veut vendre de la parapharmacie dans ses magasins, qu’à cela ne tienne, ici, on va vendre des petits pois en pharmacie.
Dans les ports, vous payer pour y laisser vos bateaux et bien, chez moi, c’est gratuit dans les canaux. Et des canaux, y’en a plein. En parlant de canaux, pour les passer, on a des ponts tournants ou levants et un matin, pas bien réveillée, une femme n’a pas vu que le pont était levé et hop, plongeon dans le canal heureusement peu profond, elle et la voiture,.
Autre cas, un gros 4X4, un type super énervé à 9 heures du matin. Il veut se garer sur le bord du canal. Mauvaise manœuvre, il se retrouve les 2 roues arrières suspendues dans le vide au dessus du canal.
Furieux, le type descend de son énorme bagnole, fait le tour ou presque, il ne peut pas, because l’arrière est suspendu, il râle de plus en plus. Obligé, le monsieur encore plus excité, d’appeler la grue pour le sortir de cette situation. Les gens sur le quai se marrent ouvertement.
Les embouteillages. Quand je dis embouteillage, ils sont rares et cinq voitures qui n’avancent pas, pour mes concitoyens, c’est déjà un bouchon. Que font-ils, je vous le demande. Et bien, ils font demi-tour les uns après les autres, tant pis si la route est étroite et jouxte un canal. La patience n’est pas leur fort, c’est sûr !
Il y a quelques années, le facteur qui faisait la tournée dans la petite ville voisine, a certainement eut envie de prendre un bain de soleil ou un bain de mer, ou un pastis, toujours est-il que tout son courrier, il l’a jeté dans le canal. Peinard le facteur !
En écrivant pastis, je revois un rigolo qui passait devant un panneau indiquant : roulez au pas, il a ajouté « tis » au mot « pas », roulez au pastis.
La commune a décidé, pour freiner les ardeurs automobilistes, de rétrécir les routes, à tel point, que deux bus qui veulent se croiser, doivent faire attention à leur abattis et surtout à leurs rétroviseurs, sinon, l’un des deux emportera un souvenir du car qu’il rencontre.
Ah, les stops, parlons en des stops. Tu roules tranquille, ou pas, le stop est là, tu t’arrêtes. Tu regardes à droite, à gauche, mais aucune visibilité.
- Tu sais pourquoi ? Non ? Et bien, parce que la mairie, dans sa gentillesse, a demandé au pépiniériste de mettre des fleurs et des plantes partout, alors, on doit s’avancer au milieu du carrefour pour voir. Attention à la collision !
Il y a aussi quelques ronds-points. A quoi ça sert le rond-point ? J’imagine que mes co
Au milieu d’un de ces ronds-points, à l’entrée de la ville côté mer, il y a un bollard, un beau et gros bollard.
- C’est quoi, un bollard ?
- Une bit(t)e… d’amarrage ! Tout le monde n’a pas ça, hein !
L’été, le sport principal, ce sont les joutes. quelle passion ont les habitants pour ces combats sur le canal royal, on dirait que toute la ville s'est donnée rendez-vous sur les gradins. pour avoir une place, faut te lever de bonne heure ou coucher là, la veille avec sac de couchage et oreiller, et pour la St louis, c'est pire encore.
Pour ces fêtes, la circulation est chamboulée, des rues sont fermées, débrouilles toi si tu veux rentrer chez toi. Faut connaître les chemins ou tu te perds.
Ma ville est une ville pleine de surprises, tant sur les routes que dans le comportement de ses habitant, qui jamais, ne se prennent au sérieux, et moi j’aime bien ce côté de leur personnalité.
Par contre, leur accent est… spécial. On entend un « O », presque « A » à la fin des mots, des noms, comme par exemple si tu t’appelles Anne, ça devient : Anne-o, Maxime-o, avec la bouche un peu ouverte. Et puis, le E, c’est aussi un « O », rOgarde-o. ajouté à l’accent méridional, ça paye. Dans l’émission Kolanta, il y avait un sétois, eh bien, pour le comprendre, il l’avait sous-titré, comme une langue étrangère.
- Quelle image de notre ville et de ses habitants, quand même !
Ma ville, c’est comme un œuf sur le plat avec de l’eau tout autour, presque une île et le caractère des ses habitants est îlien, un peu comme les corses. J’ai déjà dit, non, je n’ai rien contre les corses, j’insiste ! J'ai deux voisins corses, alors... attention !
Donc, cet œuf sur le plat, le blanc, ce sont les rues et habitations et le jaune, LE MONT SAINT-CLAIR. Je l’écris en gros, car pour un véritable sétois, c’est comme si c’était le MONT-BLANC, pareil, oui, pareil. Alors qu’ici, il est haut de 182 mètres, pas plus, mais ils en sont fiers de leur montagnette.
- Là, je vais me faire mal voir !
Et il ne faut pas dire : je vais AU St-Clair, mais je vais A St-clair. Ils te font la remarque vite fait, bien fait.
- Maintenant, ils vont me détester, les sétois ! Moi, je les aime… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. (Rayer la mention inutile).
Anne Kitline